Féminiser la voix de l'andalou
     
     
 

L’interprète de musique classique algérienne vous donne rendez-vous ce soir à El Mouggar pour goûter à sa 9è nouba: Rasd Eddil.

A l’occasion de la sortie sur le marché de la nouba rasd eddil, l’interprète de musique arabo-andalou (nouba) et hawzi a animé mardi dernier un point de presse pour nous présenter son 9e produit musical, qu’elle dévoilera aujourd’hui, lors d’un concert qu’elle animera à la salle El Mouggar à partir de 20h. «La raison du spectacle de ce jeudi, dit-elle, est cette nouba qui est prête et que je présenterai en 1re partie du programme. La seconde sera consacrée aux dérivés de la musique classique ou la nouba de la musique algéroise» (san’a).

Editée chez Soli Cadic, la nouba complète renferme trois «nesrafat», un «inklab moual», un «mseder», un «istikhbar moual», un «btayhi», un «darj» et un «khlas», bref, un mouvement des cinq existants dans chaque nouba. «Un nékelab qui n’est pas obligatoire car il ne fait pas partie de la nouba et un betayhi non pas «mafkoud» (inédit) mais peu interprété, un peu oublié», précise la chanteuse.

De l’ensemble des noubas enregistrées, trois ont été réalisées en France. «A partir de la 4e, le rythme est passé à une vitesse supérieure. Cela ne veut pas dire que le travail est bâclé. Cela nécessite trois mois de travail sans relâche avec toute une équipe autour qui me conseille et me guide vers ce qui est authentique et qui se rapproche de la san’a, sans oublier le maître Sid Ahmed Serri qui reste pour moi la référence de l’école d’Alger», confie Beihdja. Même si ce dernier est contesté à Tlemcen et à Constantine, il reste qu’ «il faut arriver à chanter une seule version pour la léguer aux nouvelles générations», indique-t-elle et d’ajouter pour ce faire: «Il faudrait que chacun reste dans son école et approfondisse ses recherches pour pouvoir sauver la richesse de ces trois écoles». Selon elle, tout le monde doit collaborer. «Le musicologue, c’est bien, mais l’interprète, c’est très important. Le musicologue ne peut jamais faire le travail d’un maître. Cela mûrit ensemble».

Sur les 12 noubas que Beihdja Rahal s’est fixé comme objectif d’enregistrer, il en reste deux, en fait: «nouba sika» et «nouba mejenba». La «nouba raml el maya» est fin prête, déclare-t-elle. Elle sera mise sur le marché bientôt. Pourquoi s’atteler à une telle démarche?

«C’est pour dire que la voix féminine s’est imposée. On s’impose. Elle est là! On a trop souvent dit que l’univers de la musique andalouse est exclusivement réservé aux hommes. C’est faux! J’en suis la preuve», martèle-t-elle et de renchérir: «A l’exception de m’aalma Yamna ou encore Fadila Dziria et Mériem Fekay, il n’y avait pas de femmes qui interprétaient une nouba complète».

En clair, explique-t-elle «ma priorité c’est d’enregistrer des noubas, pour dire qu’il y a des femmes qui enregistrent ici, en Algérie». Abordant le sujet de l’Année de l’Algérie en France et contrairement à ce qui nous a été affirmé par le département musique, dirigé par M.Saoudi, quant à la participation de Beihdja Rahal à cette grande manifestation, celle-ci persiste et signe: «Je n’ai pas été contactée. On n’a pas fait appel à moi» Enfin, ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’elle sera bel et bien au rendez-vous ce soir pour tous les amoureux de la musique classique algérienne, à la salle El Mouggar.

 

O. Hind
"L'EXPRESSION" jeudi 20 février 2003