L'interprète archéologue de la musique andalouse
     
     
 

Ecouter Beihdja Rahal jouer de la kouitra ou de la mandoline en interprétant avec brio une nouba est une vraie extase. Cette licenciée en biologie a entamé une carrière musicale sur les chapeaux de roue. Ayant connu un succès fulgurant, elle a persévéré dans cette voie musicale. Sa voix sublime, son professionnalisme, sa persévérance lui ont facilité son entrée dans le milieu de la musique et l'ont introduite sur les plus grandes scènes du monde.

Soucieuse de préserver le riche patrimoine ancestral afin de sauvegarder ses traces, elle a fait une incursion dans le temps à la manière d'un archéologue combatif, enjambant les siècles pour vivifier ces noubas qui au fil du temps n'ont pas pris une ride. Après une solide formation acquise auprès de grands maîtres comme Kharznardji et Fakhardji, Beihdja a poursuivi son parcours de musicienne et interprète avec panache et pugnacité.

En provenance d'Europe, où elle vit depuis quelques années, elle se produira sur les scènes algériennes, trois représentations sont prévues durant le mois de Ramadhan. Et c'est bien connu, Beihdja s'adonnera avec ardeur à sa passion : la musique andalouse. Elle gratifiera son public de prestations musicales dont elle a le secret. A Annaba, le 14 septembre, le 17 septembre au théâtre de verdure Laadi Flici et le 21 du mois au Palais de la culture comme pour perpétuer une tradition dans ce lieu de prédilection du style arabo-andalou. Dans cet entretien express, elle a eu l'amabilité de répondre brièvement avec beaucoup de simplicité et d'humilité. A son image.

 

Pour ces trois représentations, allez-vous présenter les différentes noubas notamment zidane ou y a-t-il du nouveau avec ce dernier album ?

Je suis à Alger pour trois concerts. Nouba Raml, le dernier album, est paru en février 2008, il est trop tôt pour moi d'en sortir un autre. Tous mes concerts débutent par du classique, puis je passe d'un Aroubi à un Hawzi. Concernant les dates algéroises, le 17 et le 21 septembre, les deux concerts seront très différents.

 

Pensez-vous que des soirées de chant réhabilitant le patrimoine andalou est plus adapté en ce mois de Ramadhan ?

Pourquoi doit-on toujours associer l'andalou au mois de Ramadhan ? Le public se sent frustré quelquefois, car il doit toujours attendre le Ramadhan pour assister à un maximum de spectacles. Par la suite, c'est le vide musical qui prend les rênes le restant de l'année.

 

Peut-on qualifier Beihdja Rahal de gardienne du temple ?

C'est un honneur pour moi d'être considérée comme telle. Je recueille les fruits d'années de patience et de travail rigoureux. C'est vrai que je suis à mon dix-septième album enregistré, mais ce n'est rien comparable au riche patrimoine que nous possédons en Algérie.

 

Quel est l'apport de ces noubas ?

La transmission de ces noubas aide à découvrir divers aspects de la civilisation arabo-musulmane en Andalousie. Les jeunes générations doivent étudier l'histoire de cette grande civilisation, ils peuvent ainsi commencer à l'explorer en écoutant sa musique.

 

Combien de temps et comment avez vous procédé dans vos recherches pour la préservation de cette richesse musicale ?

Il n'y a pas de limite de temps lorsqu'on parle de préservation d'un patrimoine. J'essaie de faire des recherches, à mon niveau, pour retrouver certains morceaux. Pour le reste, je ne suis qu'interprète et l'interprétation de ces noubas est la meilleure manière de préserver cette richesse musicale.

 

Kheira Attouche
"LE TEMPS" samedi 13 septembre 2008