La Nouba Sika au plaisir des mélomanes
     
     
 

Beihdja Rahal édite son onzième CD

La diva de l’andalou, Beihdja Rahal, nous émerveille une fois de plus par une interprétation magistrale de la Nouba Sika, à l’occasion de la sortie récente aux éditions Soli Music de son onzième CD éponyme. Une œuvre, à l’instar des dix précédentes noubate commercialisées, qu’elle ambitionne constituer un modèle, certes de référence mais aussi de rigueur dans l’interprétation en solo du patrimoine tel qu’il lui a été transmis par ses maîtres. Une œuvre voulue aussi, selon notre Beihdja, satisfaite en ce sens, une manière d’imposer, de plus en plus affirmée, la présence féminine parmi la nouvelle génération d’interprètes et un présent d’amour au large public mélomane, éclectique dans ses choix et qui «apprécie, aime ou découvre pour la première fois la musique andalouse». Une interprète féminine et de surcroît présente commercialement avec onze noubate, «el-hamdoulillah», et qui est cependant ignorée, à la différence de la radio, par la télévision nationale qui « ne m’a jamais fait appel ou diffusé une de mes œuvres et qui ne fait rien du tout pour cette musique », a relevé Beihdja Rahal, déçue par ce manque d’égards à l’égard du public.

Un CD dont la réalisation a nécessité; selon Beihdja Rahal, «trois mois pleins de travail individuel et d’équipe» et qui a été enregistré en avril dernier sous la direction du maestro Bouabdellah Zerrouki, avec le même talentueux orchestre qui l’a accompagnée lors de son précédent enregistrement, composé des musiciens Nadji Hamma, Tarik Hamouche, Youcef Nouar, Djamel Kebladj, Sid-Ahmed Khezradji, Halim Guerni, Belkacem Sisaber et Mourad Taleb et marqué cette fois par la présence de Mohamed El-Amine Belouni et de Lyès Boukoura et avec la même chorale féminine, composée de Amina Belouni et Meriem Boulahchiche.

Langoureuse sur une heure de temps, sublime de par les poèmes déclamés, pour certains peu ou rarement, et dans une maîtrise parfaite du mode sika, entamée en guise de prélude par un neklab Sika, Ala faskini (verses-moi de ce qui me donne la vie…), cette nouba se poursuit par l’interprétation d’un mceder, mâdhâ nahît kalbî (combien de fois j’ai eu à avertir mon cœur contre l’amour…), d’un btaihi, ya sahib el wedjh el-djamil (O toi à la belle mine…) et d’un derdj (soltanet bnet el hay (o reine des filles de cette cité….), entrecoupés d’un istikhbar sur le mode sika âhib min el ahbab (j’aime des aimés celui qui est à moi seul…).

En deuxième partie, Beihdja Rahal nous enchante avec les trois ensrafate, mâ tâftâker ya ghazali (ne te remémores-tu O ma gazelle…), nourakib el badr el essaîd (on surveille la lune radieuse…) et dir yâ nâdim kâs el okâr (sers O commensal la coupe de vin…) et enchaîne avec deux khlass épicuriens, yâ men dârâ (qui sait pourquoi…) et dir el okâr (sers les coupes de vin..) et en guise de prologue nous ravit avec une kadria (zahra Mali men ezzâhâr ( rose, tu n’es pas des roses…).

Beihdja Rahal qui compte animer une série de concerts en Europe à partir du mois de septembre prochain et un concert à Alger durant le mois de Ramadhan, entamera incessamment l’enregistrement de la nouba Mdjenba, la dernière des douze noubate restant à «interpréter» et qui sera disponible dans les bacs certainement avant la fin de l’année.

Par ailleurs, cette interprète a animé au début du mois de juillet dernier un concert avec les élèves du Conservatoire et l’orchestre philharmonique de la ville de Rouen en France, accompagnés de musiciens anglais, allemands, espagnols et italiens. Un concert, lors duquel elle a interprété des extraits de noubate «à la façon philharmonique» et «une expérience inoubliable» qui a permis aux musiciens européens de découvrir cette musique et qui avait été précédé d’un concert similaire au mois de mars dernier dont l’enregistrement, effectué en mai dernier, sera prochainement commercialisé.

 

Chérif Bennaceur
"LE SOIR D'ALGERIE" dimanche 17 août 2003