Lever de soleil sur un air de nouba
     
     
 

NOUVEL ALBUM DE BEIHDJA RAHAL

Sur un air de nouba est un titre qui incite à la rêverie. Il suffit de fermer les yeux pour entendre (presque) de belles mélodies andalouses. Sur un air de nouba est le titre du double album de Beihdja Rahal, édité à Paris par l'Institut du Monde arabe (éditions IMA & Harmonia Mundi). Le nouveau produit musical est composé des deux noubas mdjenba et mezmoum.

Il est aussi accompagné d'un livret comportant des traductions en français des poèmes chantés, réalisées par Saadane Benbabaali et Farouk Tazarouti. Nous avons aussi une traduction en anglais par Reena Khandpur, un article sur la nouba par Jessie Magana, un portrait de Beihdja Rahal par Hadj Omar Bensemmane et, enfin, une présentation de la nouba mdjenba écrite par l'artiste andalouse elle-même.

«La voix émouvante de la chanteuse a porté jusqu'à nous, en plus des pièces connues du répertoire andalou, quelques perles vouées à l'oubli. Elles sont sauvées grâce à la générosité de Yacine Bensemmane qui a livré à Beihdja Rahal ce que son père passionné de musique lui a légué. Elles sont sauvées aussi grâce à l'opiniâtreté d'une chanteuse désireuse d'offrir à ses auditeurs tout ce qu'elle a appris et ce qu'elle continue de recueillir», écrit Saadane Benbabaali, spécialiste de la littérature araboandalouse.

Jadis, il y avait 24 noubas, une pour chaque jour de la journée. Environ la moitié de ces noubas ont été perdues irrémédiablement (la mdjenba a perdu sa touchia). «La nouba mdjenba dont le nom signifie "partie antérieure" ou "flanc", est celle que l'on joue au moment où le soleil, après son lever, commence à s'élever du côté du sud, en flanc du ciel. Le texte du poème chanté dans cette nouba évoque la nature éclairée par les premiers rayons du soleil. Les fleurs printanières s'épanouissent et chaque chose visible donne le reflet merveilleux d'une vie en éveil. L'être humain est en pleine activité et tous ses sentiments répondent harmonieusement à ce qui l'entoure», explique, de son côté, Beihdja Rahal.

Une nouba de musique andalouse est une suite bien établie de cinq mouvements, allant du plus lent au plus rapide. Elle peut être enrichie et embellie par d'autres pièces : l'introduction musicale touchia, inqilab, pièce chantée dans un rythme alerte, istikhbar (prélude, improvisation vocale et instrumentale), dlidla (berceuse) et, enfin, la qâdriyya, une pièce chantée. Avec ce nouvel double album, Beihdja Rahal continue l'exaltante mission qu'elle s'est fixée, celle d'enregistrer l'ensemble des noubas andalouses et de les préserver, ainsi, de l'oubli.

 

K. B.
"LE SOIR D'ALGERIE" lundi 14 février 2011