La diva andalouse présente la Nouba Mdjenba  
     
     
 

La diva de la chanson andalouse, Beihdja Rahal, a animé jeudi soir un concert à la salle Ibn Khaldoun. Organisée en partenariat avec l’Etablissement arts et culture, cette soirée exceptionnelle a permis au public algérien de découvrir la douzième nouba enregistrée par Beihdja Rahal. Vers 21 heures, la talentueuse artiste est entrée sur scène accompagnée de l’orchestre sous les applaudissements nourris d’une salle archicomble. Habillée d’un karakou raffiné de couleur rose fuchsia et d’un saroual medouar en satin blanc, elle a illuminé l’espace par sa grâce.

Les premières notes qui ont entamé le concert sont celles d’un «Inqilab Zidane». Dans ce morceau empli de lyrisme, elle a chanté de sa voix mélodieuse les tourments d’un cœur épris d’amour. L’inqilab a été suivi d’un M’cedar M’djenba, où d’une voix mielleuse, elle a chanté les joies du printemps. En écho aux notes cristallines des musiciens, tel un doux chuchotement, sa voix a résonné les mots suivants : «Lève-toi mon amour et entends le langage du rossignol». Elle a enchaîné ensuite par l’Istikhbar Zidane intitulé Lorsque je contemple le visage de mon bien-aimé, longuement applaudi par la salle qui lançait des youyous.

Beihdja a poursuivi le récital par un Insiraf M’djenba d’une mélancolie poignante. Ce morceau exprimant les tristes larmes de la solitude a interpellé les présents et les a profondément émus. Il a été suivi par El-Khlass M’djenba intitulé Revivrons-nous ces beaux jours, qui sera lui aussi fortement applaudi. Le concert s’est clôturé par l’interprétation de la Qadriya M’djenba, accompagnée par la diva qui chante «le retour de l’être aimé aux sourcils d’un noir d’ébène». L’artiste a été ovationnée. Les youyous ont salué l’interprète enchanteresse.

Le grand maître andalou, Ahmed Serri, est monté sur scène pour lui offrir un somptueux bouquet de roses. A la sortie du concert, il nous a confié : «C’est sur l’invitation de Beihdja Rahal que je suis venu. C’est réconfortant que la musique andalouse revive. Le plus important est que ce style musicale draine encore autant de monde».

Dans le hall d’entrée, bien qu’il soit 23 heures passées, il y avait encore du monde, resté pour assister à la séance de la vente dédicace du CD par la diva. Cette dernière, toujours souriante, a exaucé le vœu du public subjugué par sa modestie et la maîtrise de son art. A travers cette soirée musicale féerique, l’interprète a encore une fois, prouvé sans conteste qu’elle est l’une des plus belles voix féminines dans un genre réservé habituellement à des interprètes masculins.

En plus de sa voix exceptionnelle, Beihdja marque de son empreinte la musique andalouse de la force de son interprétation. Elle s’est fixé comme objectif la préservation de cet héritage culturel, en enregistrant au fil des années l’ensemble des noubas. Ainsi, sur les vingt-quatre noubas composant le patrimoine, seule la moitié est préservée aujourd’hui. Cela revient au fait que l’enseignement et la transmission de ce genre musical se faisait oralement seulement.

Pour rappel, Nouba M’djenba se trouve chez les bons disquaires depuis quelques jours. Le CD est distribué par Soli Music. Cette douzième nouba est une suite à l’enregistrement d’une série de noubas qui a débuté en 1995 avec l’enregistrement de la Nouba Zidane.

 

S. B.
"LE JEUNE INDEPENDANT" dimanche 16 mai 2004