Beihdja Rahal envoûte par sa virtuosité et sa métrise du répertoire classique
     
     
 

L’espace de soixante minutes, la cantatrice zyriabienne nous invite à savourer la poésie courtoise qu’elle enrobe superbement de sa voix cristalline.

Après la nouba raml el maya, l’interprète andalouse, Beihdja Rahal vient de signer son onzième CD dans la nouba sika. Ainsi, avant le concert de promotion qu’elle donnera au mois de Ramadhan prochain dans une des salles d’Alger, les mélomanes pourront toujours apprécier les onze pièces de son nouveau produit qu’elle vient de mettre sur le marché. La cantatrice zyriabienne nous invite, l’espace de soixante minutes, à savourer la poésie courtoise qu’elle enrobe superbement de sa voix cristalline.

Accompagnée de son orchestre -composé de dix musiciens et de deux choristes féminines- sous la direction artistique et technique du professionnel Bouabdellah Zerrouki, l’interprète andalouse nous transporte, à travers les envolées lyriques des chghalate, dans une suite développée avec allégresse dans les mouvements fondamentaux du mode sika, avec entre autres ala fasqini, morceau interprété dans inqilab, madha nahit dans le m’ceddar, ya sahibel oudejh el djamil dans le btaïhi, soultanet banet el hay dans le dardj, nouraqib el badr essaîd dans insiraf.

Avant la dernière nouba dans le tab’â mdjenba -la dernière- que l’interprète est en train de préparer avec son orchestre, une série de concerts attendent la puriste du chant andalou, notamment à Amsterdam le 27 septembre et le 22 octobre à Sainte Chapelle (Paris), où les belles mélodie empliront l’enceinte de l’édifice à l’architecture gothique. Mais avant, la cantatrice donnera le 14 septembre, dans les Hautes Pyrénées, la réplique dans une représentation théâtrale en se prêtant au contre et au chant avec la compagnie française «Nomade de l’an 2000». Soulignons qu’elle s’est frottée aux planches dans le passé. Elle a fait partie de la troupe qui a interprété les fils de l’amertume de Slimane Benaïssa.

Absente de «Djazaïr 2003 en France», la soliste est sollicitée avec son orchestre pour donner des concerts, comme le récital en faveur des sinistrés du séisme du 21 mai à la maison de la radio en France. Elle s’essaye aussi à des tentatives avec la musique savante. Le 29 mars denier à Rouen, dit-elle, son orchestre classique s’est mêlé à des musiciens européens pour former un ensemble instrumentiste composé de 170 musiciens. Un arrangement musical, qui sera mis sur le marché bientôt, sera certainement de bonne facture.

Interrogée sur l’appréciation qu’elle peut faire des interprètes féminines qui investissent la scène musicale andalouse, Beihdja se dit enchantée de toutes les voix féminines. «Il n’existe pas de rivalité sinon une interprétation différente, et il appartient aux mélomanes d’apprécier telle ou telle voix» a-t-elle dit en guise de conclusion.

 

Madjid Tchoubane
"LE JEUNE INDEPENDANT" mercredi 20 août 2003