Beihdja Rahal, une cantatrice de renom
     
     
 

L’une des divas contemporaines les plus en vue et dont la carrière est jalonnée d’honneurs et qui a gagné l’estime de ses compères est Beihdja Rahal. Elle s’est illustrée par son talent et son audace à braver un domaine réservé à la gent masculine qu’est la nouba. Elle s’est lancé un défi qu’elle a relevé avec brio: celui d’exécuter toutes les noubas. Elle en est déjà à la onzième.

Elle est installée depuis quelques années en France où elle est renommée pour ses concerts uniques capables de drainer une foule importante. Nationaux et étrangers viennent se délecter de sa voix cristalline et de son interprétation, qui n’a rien à envier aux hommes. Elle parle de son art comme on parle d’un grand amour. "J’ai toujours le trac avant et pendant chaque concert mais je dois me maîtriser quand je suis sur scène. Un peu comme si j’allais à un premier rendez-vous!"

Cette dame, qui reste modeste malgré son ascension, est botaniste de formation. Elle ne se doutait pas qu’en empruntant le chemin du conservatoire afin d’y apprendre les rudiments de cette musique classique, elle allait s’éprendre farouchement de l’andalou, allant jusqu’à en faire une profession à part entière et une quête sans relâche, sacrifiant ainsi sa carrière scientifique bien rangée en faveur d’un métier incertain.

Son vœu le plus cher est que cette musique se popularise et ne soit plus l’apanage d’une classe aisée car, dit-elle, "elle appartient à tout le monde étant partie intégrante de notre patrimoine national". Elle a enregistré plusieurs noubas, et ce, depuis 1995, de type resd, mazmoum et zidane. Un répertoire jugé difficile par les connaisseurs et réservé strictement aux hommes.

Elle déroge ainsi à la règle établie qui veut que la femme artiste qui se lance dans le chant classique se contente d’interpréter le répertoire hawzi, la nouba étant une chasse gardée. Elle estime avoir suffisamment de compétence, autant sur le plan technique que vocal. Son ambition est étayée par une formation d’une vingtaine d’années auprès d’éminents professeurs. Le fait d’être une femme l’a incitée à redoubler d’efforts et à mettre les bouchées doubles pour prouver qu’elle est capable de se mesurer aux ténors.

 

Fatma Houari
"INFOSOIR" jeudi 9 octobre 2003