Rencontre avec Beihdja Rahal, interprète andalou  
     
     
 

Après avoir fait en fin de semaine dernière la promotion de son dernier album, le 20e de sa carrière, toujours dans le travail colossal dans la nouba, entamé il y a plus d'une décennie par Beihdja Rahal qui s'est produite hier, à la salle El Mouggar en début de soirée, à l'initiative de l'ONCI (Office National de la Culture et de l'Information. Ce premier concert d'une longue tournée nationale sera suivi demain soir d'un autre offert au public de l'auditorium Aïssa-Messaoudi de la Radio algérienne. Dans un entretien qui a trait à sa production notamment, l'artiste se livre au journal.

 

Vous enchaînez les succès. Vous avez signé un ouvrage lors du précédent SILA (Salon international du livre). Et aujourd'hui, vous sortez un nouvel album. C'est quoi le secret de cette réussite ?

Au fait, j'édite mon 20e album. Il s'agit de la nouba mode Dil. Il est paru aux éditions «Belda Diffusion» et c'est mon 4e CD. Je suis pleinement satisfaite des services de cette maison d'édition. Cet enregistrement s'inscrit dans le cadre de la continuité du travail de sauvegarde et de préservation du patrimoine musical andalou que j'ai entamé, il y a plus d'une dizaine d'années.

 

Faites-vous seule la promotion de votre carrière professionnelle ?

Oh, que oui ! C'est moi-même qui fais la promotion de ma carrière artistique. J'ai contacté les musiciens, j'ai repéré un studio d'enregistrement, j'ai réussi à intéresser les sponsors, je contacte les médias, j'effectue des séances photos. Puis, je fais la promotion de mon album, afin qu'il soit distribué un peu partout. Je dois reconnaître que j'ai été assistée par l'ONCI.

Cette institution veille constamment au bon déroulement de ses programmations. Cet enregistrement s'inscrit dans le cadre de la continuité du travail de la sauvegarde et de la préservation du patrimoine musical andalou entamé depuis plus d'une dizaine d'années. Je tiens à préciser que j'ai appris à gérer ma carrière lorsque j'étais établie en France. Cela a été une expérience enrichissante pour moi.

 

Comment se porte l'andalou, selon vous en Algérie ?

J'ai déclaré il y a quatre ans de cela mon appréhension quant à l'avenir de la musique andalouse. Vu que les choses ont bel et bien changé et évolué, je pense que l'avenir se présente avec optimisme pour la renaissance de cette musique classique de notre patrimoine qui avait tendance à disparaître avec l'âge avancé des maîtres. L'andalou par ses nouvelles générations à encore de bonnes années à vivre.

 

Est-il facile d'enregistrer une nouba ?

L'exécution ou l'enregistrement d'une nouba nécessite beaucoup de concentration et représente le genre qui me passionne le plus. Il n'est pas facile d'interpréter une nouba, car ça nécessite beaucoup de concentration pour le chanteur comme pour les musiciens. Même si j'aime le style hawzi et aâroubi que j'interprète souvent dans les concerts, la nouba reste le genre qui e passionne le plus.

 

On vous a appris la technique et le répertoire traditionnel. Cette transmission est-elle due à la tradition orale ?

Nous avons, en effet, appris le répertoire traditionnel à partir de l'oral. C'est un exercice difficile mais cela nous a permis d'évoluer dans notre parcours professionnel. A vrai dire, nous avons acquis une excellente formation, un enseignement riche et honnête.

 

On dit aussi que le rôle des associations a  propulsé l'engouement pour la musique andalouse. Partagez-vous cela ?

Contrairement aux précédentes années, il existe un grand nombre d'associations qui effectivement fait un excellent travail pour la sauvegarde de cette musique. Mais il est temps maintenant de passer à un autre stade d'enseignement qui doit se faire dans un cadre académique. Il est impératif de mettre en place une nouvelle structure d'apprentissage de la musique andalouse, dont la transmission revêt au sein des associations, un caractère oral, celui de maître à élève.

 

Est-ce vrai que l'andalou n'est plus l'apanage de l'élite ?

Effectivement, l'andalou, cette musique classique algérienne n'est plus à présenter. Aujourd'hui, elle n'est plus l'apanage d'une élite. Cette musique est exercée de plus en plus par les jeunes générations. La preuve en est faite par le grand nombre de jeunes filles et  garçons qui suivent des cours de formation musicale. Il n'y a plus maintenant de niveau social pour jouer et apprécier la musique andalouse.

 

Entretien réalisé par Samira Sidhoum
"HORIZONS" dimanche 27 février 2011