Ibn Zeydoun: Récital de Beihdja Rahal
     
     
 

M. Mohamed Abbou, ministre de la communication et de la culture, séduit par la prestation élevée de l’astre de la musique andalouse Beihdja Rahal a tenu à la saluer chaleureusement avec ses musiciens en fin de concert. "L‘andalou, c’est notre carte de visite, celle de l’Algérie", a déclaré M. Abbou qui a assisté à tout le récital donné par la talentueuse Beihdja Rahal sans en perdre une minute, rendant ainsi hommage à notre musique classique, interprétée par une voix sublime au cour de ce concert de cette fin de semaine sur la scène de la salle Ibn Zeydoun de Riad El Feth.

Le tableau de ces musiciens, stylés avec la chanteuse au centre comme un soleil, est déjà un spectacle revivifiant pour les yeux. Le majestueux rideau à la couleur émeraude du fond de la scène faisant ressortir comme un joyau dans un écrin le costume traditionnel de Beihdja "c’est une tenue typiquement algéroise, avec son seroual en tissu fin et délicat ainsi que son karakou de velours brodé d’or que j’ai fait coudre spécialement pour cette soirée", a-t-elle précisé. C’est dire le soin méticuleux apporté à la préparation de ce concert. Elle-même et son ensemble musical y pensent depuis des semaines. Tout un programme d’information à l’intention du public a été entrepris où la participation des médias visuels et écrits a été fortement sollicitée. Ce n’était pas un concert ordinaire. D’ailleurs, Beihdja s’interdit de refaire un récital déjà donné. Pour elle, chaque nouvelle représentation est une création dans son répertoire tout en restant extrêmement fidèle et attentive à la ligne pure et authentique de l’andalou. "C’est un mélange divin entre la beauté féminine et la beauté de l’art", telle a été la définition citée pour elle par M. Abbou, ministre de la culture.

Pour ce concert, Beihdja Rahal a imaginé une offrande musical en trois parties. Sa voix voluptueuse aux nuances infinies a fait goûter au public présent les richesses vocales de son dernier enregistrement qui s’est donné pour ambitions de nous faire redécouvrir la merveilleuse "Nouba Dil". Elle a ensuite entamé un tour d’horizon dans ce genre classique en présentant des pièces musicales dans le style "Aroubi", puis, dans une dernière partie, elle a adopté un rythme léger par l’interprétation du hawzi, détendant l’atmosphère et recréant une chaude ambiance familiale. Cette ingénieuse structuration de son récital a été accueillie de vives acclamations et des youyous stridents.

Si la voix de l’astre du chant andalou a fait sensation, l’accompagnement musical a aussi obtenu un franc succès. "Vous avez fait pâmer mon cœur", a glissé M. Abbou à l’oreille du virtuose du violon, Nacer Rahal qui a joué en soliste d’une manière sublime, un passage de l’istikhbar. Youcef Nouar, un maestro dans la mandoline, s’est distingué par son jeu subtil. La percussion a agréablement surpris par ses mesures douces, nullement agressives, savamment introduites grâce aux doigts experts et raffinés par le talent et l’expérience de Belkacem Sisaber au tar et Sofiane Bouchafa à la derbouka.

Les instruments purement traditionnels, la kouitra de Beihdja elle-même, les deux luths de Nadji Hamma et Ahmed Tescouc, ont apporté cette note hautement fidèle du genre andalou aux racines. Le kanoun de Tarik Hammouche a complété cet éventail indispensable à l’exécution d’une musique classique pure.

Mériem, une admiratrice de Beihdja Rahal présente au concert, s’est exclamée: "Elle a revivifié l’andalou, le sortant de l’ombre du passé pour l’exposer à la lumière du présent!". Tous les spectateurs fort nombreux, donnant l’image d’un public à l’éducation saine et à la culture élevée, ont écouté d'une manière religieuse cet astre de la musique andalouse. ils ont manifesté leur intérêt soutenu tout le long du récital sans aucune marque d’une attitude dérangeante.

Beihdja Rahal très sensible à cet accueil, se fait un devoir de revenir sur scène. Elle a remercié du fond du cœur son public. Elle lui a ensuite exprimé sa gratitude et sa reconnaissance en trouvant un mot gentil et affectueux à tous ses admirateurs, hommes, femmes, jeunes ou moins jeunes, dans les dédicaces personnalisées qu’elle a apposées sur la pochette de son dernier album.

Elle est restée égale à elle-même, avec courtoisie et son aimable sourire jusqu’à la dernière personne qui s’est présentée à elle pour obtenir sa signature. Et, pour entretenir cette fidélité en amitié avec son public et poursuivre sa passion et son devoir de revivifier l’art andalou, Beihdja Rahal entame déjà les préparatifs de la conception et de l’enregistrement de son cinquième album.

 

Kamel C.
"HORIZONS" lundi 24 septembre 2001