Beihdja Rahal défend lauthenticité du patrimoine

     
     
 

Dans le but de sauvegarder l’authenticité de la musique andalouse, Beihdja Rahal a proposé la création d’une «commission» commune pour les écoles d’Alger, de Tlemcen et de Constantine avec pour mission d’établir un programme d’activités pour les associations andalouses.

Beihdja Rahal, qui revient d’Egypte où elle a animé un concert au Caire il y a une quinzaine de jours, renouera le contact avec son public ce soir, jeudi à la salle Ibn Khaldoun d’Alger. Cette soirée, organisée par l’établissement arts et culture de la wilaya d’Alger, entre dans le cadre de la promotion de son nouvel album intitulé Nouba M’djenba et édité par Soli Music (Cadic). Le nouveau produit est le douzième et dernier de la série des albums-noubas dont le premier avec une nouba zidane a été publié en 1995.

Les mélomanes pourront écouter avec le nouveau CD de très beaux morceaux du répertoire andalou, comme ahabba qalbi, qoum ya habibi, seltek ya badie echabab ou ya toura in kan taôud. Il y a aussi un morceau inédit, une qadria m’djenba, «qu’on croyait perdue», ainsi que l’avait précisé la chanteuse lors de sa conférence de presse lundi à la salle Ibn Khaldoun. «Avant d’enregistrer un morceau, je m’assure d’abord, de l’authenticité. Pour cela, je me rapproche des maîtres de l’école algéroise de musique andalouse. Je ne travaille qu’avec des références et il y a des morceaux que je n’ai pas voulu enregistrer parce que je n’étais pas sûre de leur authenticité», a encore indiqué l’artiste lors de cette rencontre.

Beihdja Rahal estime que la musique andalouse est un patrimoine à préserver dans son originalité pour le transmettre aux futures générations. «Nous n’avons pas le droit de toucher à un patrimoine classique, de le modifier ou de lui donner une empreinte personnelle, sinon ce n’est plus un patrimoine, c’est de la variété ou autre chose», dit-elle. A une question concernant les éventuelles «corrections» qu’un musicien pourrait apporter à des œuvres de l’andalou, Beihdja Rahal a répondu que «correction est un trop grand mot» tout en se demandant «sur quelles bases doit-elle être faite cette correction ?».

Pour elle, «le travail de recherche» doit se baser sur la recherche de l’authenticité des morceaux existants ou sur «el mafqoud» des œuvres supposées perdues mais qu’on a des chances de retrouver chez des particuliers ou chez des maîtres de l’andalou encore en vie. Beihdja Rahal, en outre, rejette l’idée de «création» dans ce domaine «pour moi la création, c’est autre chose. On ne peut pas parler de création dans un patrimoine qui existe déjà. On peut s’inspirer sur le modèle de celui-ci, mais les œuvres qui en résultent ne doivent pas être classées dans le patrimoine classique».

Enfin, et dans le but de sauvegarder l’authenticité de la musique andalouse, Beihdja Rahal a proposé la création d’une «commission» commune pour les écoles d’Alger, de Tlemcen et de Constantine avec pour mission d’établir un programme d’activités pour les associations andalouses, ainsi que le contrôle et le suivi de l’application de ce programme à l’échelle nationale.

L’artiste compte enregistrer une deuxième série de douze noubas avec, cette fois ci, des morceaux différents. Le concert de Beihdja Rahal, aujourd’hui à la salle Ibn Khaldoun (21h), sera suivi par une vente dédicace de l’album Nouba M’djenba.

 

Kader B.
"L'AUTHENTIQUE" jeudi 13 mai 2004