Nouba Ghrib revisitée  
     
     
 

Beihdja Rahal n'est plus a connaître. C'est l'une des rares femmes interprètes de la musique andalouse en Algérie. Mais à son interprétation, s'ajoute un gros travail de recherche. Après avoir bouclé les 12 noubas, elle redémarre à zéro, réinvestit les douze modes de la misique classique algérienne en introduisant de morceaux inédits, fruit de son investigation. «Avec cette deuxième série de douze noubas, je n'ai pas encore fait le tour du patrimoine. Mon rêve est d'interpréter toutes les pièces les composant, mais je ne les ai pas. Le patrimoine andalou est très riche, 30 ou 40 ans de formation ne suffisent pas pour prétendre détenir la totalité. Pour le moment, j'interprète ce que je connais, ce qui m'a été transmis et je reste à la recherche de la suite», nous confie-t-elle.

Après la nouba Sika, sorti en 2009, Beihdja met sur le marché, par le biais de la maison d'édition Belda, une autre nouba, Ghrib, réalisé en collaboration avec Air Algérie et l'ONDA. «Mon travail se base surtout sur la sauvegarde du patrimoine andalou çanaa. Je suis interprète de noubas, je me consacre à essayer d'authentifier chaque pièce chantée avant de la présenter au public et avant de l'enregistrer. Jusque-là, j'ai sorti 18 albums de noubas. C'est un travail qui plait au public en quête de son patrimoine et de sa culture. Ce travail me passionne et me donne beaucoup de satisfaction en même temps. Ça demande des sacrifices, mais on n'a rien sans rien», estime-t-elle en rendant un grand hommage à tous ceux qui l'ont soutenue, Bouabdallah Zerrouki, Saadane Benbabaali, Yacine Bensemmane, Farid Bensersa et les musiciens qui l'accompagnent en Algérie ou en Europe.

A l'occasion de la sortie de son nouvel album au mois de mars, l'artiste a prévu une série de concerts promotionnels en Algérie au cours du même mois. Mais aussi en France. «La communauté algérienne en France est toujours présente à mes concerts. Les Algériens aiment la musique andalouse, ils sont présents à tous mes conerts, il suffit qu'ils aient l'information. Les étrangers viennent découvrir une musique qu'ils ne connaissent pas. Ils veulent apprendre son histoire, découvrir les intruments traditionnels, les poètes et leur belle poèsie: le mouwashah andalou et le zajal», souligne-t-elle.

C'est pour cette raison que Beihdja donne, depuis plus de dix ans, des cours de musique et de chant à l'Elco (Enseignement de la langue et culture d'origine), à Paris. «J'ai plus d'une cinquantaine d'élèves répartis entre plusieurs niveaux. Avec un groupe d'amis, nous venons de créer une association qui s'investira dans la formation et la transmission de la musique andalouse en Ile-de-France», ajoute-t-elle.

Beihdja compte poursuivre son "périple" musical en solo. Des duos ? Pas pour le moment. «Pour le moment, le travail que j'essaie d'accomplir en "solitaire" me satisfait. Si l'occasion de chanter en duo, un jour, se présentait, pourquoi pas, mais, pour l'instant, ce n'est pas une priorité.»

 

R. H.
"TASSILI MAGAZINE" revue de bord Air Algérie, No 62, avril-mai 2010