Beihdja Rahal, la diva du chant andalou
     
     
 

Le théâtre Duchamp-villon marque le point de départ de l’année de l’Algérie à Rouen en organisant samedi prochain au hangar 23 une rencontre musicale entre tradition algérienne et tradition européenne écrite. Ce concert intitulé Afous-Afous réunit l’orchestre pop-symphonique de l’agglomération de Rouen et quatre solistes dont Beihdja Rahal, la diva du chant andalou.

Beihdja Rahal est née à Alger dans une famille de mélomanes. Très vite, ses parents l’inscrivent au conservatoire où elle suivra des cours de kouitra (luth arabe) avec de grands maîtres. «Après la formation, tous les musiciens ressentent le besoin de donner des concerts avec le public». Elle jouera alors dans deux groupes avec des musiciens professionnels. Entre la biologie qu’elle a enseignée au lycée et la musique, Beihdja Rahal a vite choisi. Elle s’est passionnée pour le chant andalou jusqu’à en faire une profession à part entière.

«A partir du 7ème siècle, il y avait des poètes qui écrivaient ce qu’ils vivaient et qui mettaient en musique ces poèmes chantés ensuite dans les palais. Ils parlent de la femme, de l’amour, des fleurs, du printemps, et des jardins. Comme dans toute poésie arabe, il y a beaucoup de non-dit. Cette musique qui vient de Bagdad a une empreinte importante du Maghreb. Les noubas sont une suite de cinq mouvements, du plus lent au plus rapide. Dans ce genre musical, on sent beaucoup de rigueur, on perçoit les règles que l’on doit respecter. Cela n’occulte pas une certaine émotion», explique Beihdja Rahal.

Ces règles, la musicienne et chanteuse les respecte scrupuleusement afin de préserver ce patrimoine. Elle le met également à la disposition de tous en enregistrant neuf albums entre 1995 et 2003. Cependant, ces règles, Beihdja Rahal a bien voulu les déroger pour un concert qui sera donné samedi prochain au hangar 23 de Rouen dans le cadre de l’année de l’Algérie en France. Elle fera partie des quatre solistes avec El Hadj Khalfa, Mokrane Boussaïd, Hocine Soudani qui joueront avec l’orchestre pop-symphonique pour confronter deux traditions musicales.

«Ces expériences sont des ouvertures pour nous. J’ai appris et chanté cette musique à l’état pur avec un orchestre traditionnel. J’accepte ces nouveaux arrangements si c’est un moyen de capter l’attention d’un autre public. Ensuite, il faut les amener à écouter ce chant andalou à l’état pur».

 

Maryse Bunel
"LIBERTÉ DIMANCHE" Le journal normand du 7è jour. dimanche 23 mars 2003