Au ravissement de la Nouba Mdjenba  
     
     
 

“Ahaba kalbi dhabioun turki...” (Mon cœur s’est épris d’une gazelle turque…). C’est par ce neklab dans le mode zidane que la voix d’or de la musique andalouse algérienne, Beihdja Rahal, a envoûté jeudi soir à la salle Ibn-Khaldoun l’assistance mélomane venue nombreuse apprécier le récital qu’elle a donné sous l’égide de l’établissement Arts et Culture de la wilaya d’Alger.

Notre diva, qui a fait de ce concert un événement mémorable, a ravi le public, énamouré et aux youyous et applaudissements appuyés, en lui interprétant la nouba M’djenba, accompagnée par les musiciens, maîtres du jeu ensorcelant, que sont au violon Alto Djamel Kebladj et Lyès Boukoura, au oud Mohamed-Amine Belouni et Nadji Hamma, au qanoun Tarik Hamouche, à la cnitra Youcef Nouar, au tar Khaled Ghazi et à la derbouka Sofiane Bouchafa.

Enchantés, les présents ont savouré les morceaux successifs de cette nouba, btaihi “Law kan el milah Younsifou…”(Ah! si les gracieuses dames pouvaient rendre justice) et le derdj “Seltek ya badi’ echabab…” (Je te demande ô jeune beauté, quelle est la cause de notre séparation?…), séparés par un istikhbar dans le mode zidane “Nadhari ila waj’hi habibi...” (Lorsque je contemple le visage de mon bien-aimé…) et suivis par florilège divin de trois nesrafate “Mali chamoul…” (Mes tristes larmes enivrent…) ; “Sabet kalbi…” (Mon cœur est subjugué…) et “Dir el qatiê…” (Sers les coupes…) et que ponctue le khlass “Ya toura in kan taôud ayamouna…” (Revivrons-nous ces beaux jours ?…) et une quadriya M’djenba “Hadjeb maâ khouh” (Tes sourcils jumeaux éclipsent tes yeux… ).

Une nouba M’djenba, de plaisir, que notre rossignol invite à savourer dans le CD, le douzième de son œuvre depuis près de dix ans, portant le titre éponyme, enregistré en février dernier sous la direction artistique du maestro Bouabdallah Zerrouki et édité chez Soli Music, disponible depuis plus d’un mois chez les bons disquaires.

Poursuivant l’offrande andalouse, Beihdja Rahal a présenté un programme aroubi et hawzi en déclamant plusieurs chants et notamment la qacida “Bellah seltek…”, le poème épicurien “Kif amali wa hilti…” et deux morceaux d’anthologie “Chki fezzine n’ssaha….” et “Mazian nhar el youm…” avant d’être vivement applaudie par l’assistance et de recevoir un bouquet de roses et les vives félicitations du maître Sid- Ahmed Serri, monté sur scène à l’issue du concert et auquel succéda l’incontournable cérémonie de dédicaces sur les CD de l’interprète.

 

Chérif Bennaceur
"LE SOIR D'ALGERIE" mardi 18 mai 2004