La cantatrice zyriabienne ce soir à la salle Ibn Khaldoun  
     
     
 

Après avoir clos le répertoire des douze noubate, la cantatrice zyriabienne qu’on reconnaît à sa tessiture et ses belles vocalises Beihdja Rahal, vient, avec la collaboration du Centre culturel français et l’Etablissement Arts et Culture, d’enregistrer son dernier CD dans le mode mezmoum. Un produit de onze chghalate, dont trois morceaux inédits qu’elle fera découvrir ce soir au public mélomane à la salle Ibn Khaldoun.

Beihdja Rahal semble installer une tradition pour la promotion de ses produits sortis des studios d’enregistrements. Un coup de marketing qui entre dans sa stratégie de communication, sommes-nous tenus de dire. Et c’est de bonne guerre, dans la mesure où l’initiative est louable: faire connaître son «dernier-né» au public –via la presse qui se rapproche davantage, dans ce genre de rencontre, du patrimoine musical– même si elle compte booster les ventes au terme de chaque sortie d’album.

Après l’enregistrement des douze noubas, dont la dernière dans le mode m’djenba –mise sur le marché au mois de juin dernier– la diva revient cette fois pour nous proposer une autre nouba dans le tab’e mezmoum, mais avec des morceaux inédits qu’elle a dénichés chez le fils du regretté Hadj Omar Bensemmane, Yacine qui préserve jalousement certains textes non connus encore.

Et d’une pierre deux coups: rendre hommage à l’un des pionniers de la musique andalouse, Hadj Omar Bensemmane et feu Tarik Hamouche (talentueux instrumentiste de kouitra et du qanoun, décédé l’été dernier) d’une part, et faire découvrir un pan du répertoire musical au public, d’autre part. «Nous avons travaillé (Beihdja Rahal et Yacine Bensemmane, NDLR) ensemble pendant des mois avant d’enregistrer les airs de certains chghalate qui ne sont pas connus», dira la cantatrice zyriabienne lors d’une conférence de presse animée mercredi dernier au salon d’honneur de la salle Ibn Khaldoun. «Ce patrimoine, tient à préciser la conférencière, a été légué par le mélomane de confession israélite, Laho Serror à Hadj Omar Bensemmane qui l’a consigné avant son décès».

Les textes interprétés par l’enfant de la çanâa illustrent la richesse du patrimoine qu’il faudra mettre au jour. Dans son denier CD, la soliste vocale interprète une nouba qui réunit une compilation de chghalate de 80 mn, autrement dit onze morceaux dont trois inédits dans les mouvements m’ceddar (Ana îchqati fi soultane), btaïhi (Atani rassoul) et insiraf (Qad bacharret bi qoudoumikoum).

Sous la direction artistique et technique de Bouabdellah Zerrouki, l’héritière zyriabienne –première femme à enregistrer une partie du répertoire andalou dans les douze modes– interprète de fort belle manière les morceaux des grands poètes du Maghreb. De belles volutes sonores que le public ne manquera pas d’apprécier ce soir à 21h lors d’un récital qu’elle donnera à la salle Ibn Khaldoun.

Rappelons que la diva andalouse, qui s’identifie à l’école d’Alger, est sollicitée pour faire découvrir le patrimoine andalou à travers différentes villes d’Europe. Après la prestation qu’elle présentera ce soir, Beihdja se produira dans la banlieue parisienne le 13 novembre prochain avant le récital qu’elle donnera à Berne (Suisse) le 20 novembre. Soulignons enfin que l’année dernière au conservatoire de Rouen, son orchestre classique s’est «frotté» à des musiciens européens pour enregistrer des morceaux d’une nouba arrangée.

 

M. C.
"LE JOUR D'ALGERIE" samedi 30 octobre 2004