Des voix arabo-andalouses éternelles et actuelles au Grand Théâtre d'Angers  
     
     
 

« Florilèges andalous » est une variation autour de « la nouba ». C'était le premier des rendez-vous « Voix du monde » de la saison, une série pensée par Angers Nantes Opéra.

Il se dit merci… à lui-même… pour l'idée qu'il a eue. Ne voyez aucune forfanterie chez Ramzi Aburedwan, le fondateur de l'association Al Kamandjâti et directeur musical de l'Orchestre arabo-andalou de l'Anjou. Il est juste heureux, à l'issue du premier des rendez-vous « Voix du monde » de la saison, une série pensée par Angers Nantes Opéra.

Content d'avoir eu du public au Grand Théâtre, en ces temps incertains pour le spectacle vivant (quelque 350 personnes) ; content d'avoir mené à bien cette alchimie entre l'art de Beihdja Rahal (chant, kuitra) et toutes les forces vives de son orchestre, mêlant musiciens et chanteurs.

« Florilèges andalous » est une variation autour de « la nouba » :  C'est une structure musicale précise , introduit Beihdja Rahal,  se promettant d'être la plus concise, sinon, vous allez repartir sans avoir entendu de musique ! On dit qu'il existait vingt-quatre noubas comme autant d'heures dans une journée. Mais seulement douze sont connues, les autres étant dites disparues. Je préfère me dire qu'il y en a douze.

Chaque nouba durant donc une heure, ce sont des extraits que l'on a pu découvrir ce jeudi soir là au Grand Théâtre. Musique codifiée dit aussi une certaine linéarité mais quand kuitra (mandoline), bouzouk, violons, ouds, qanoun (cithare arabe), mandoles, accordéon, contrebasse, percussions, voix habitée de Beihdja Rahal et voix du chœur se conjuguent, le voyage est enivrant.

Malgré le sérieux et l'application que nécessite cette voie intérieure arabo-andalouse – rappelons qu'il s'agit de poèmes honorant la beauté –, et non Ramzi, on ne se lève pas pour danser !, le plaisir d'être ensemble se lit sur maints visages de maintes nationalités, divers âges, autres cultures, riches parcours.

Quand un patrimoine unique parle à tous les publics, pour peu qu'on l'accueille à esprit ouvert.

 

Lelian
"LE COURRIER DE L'OUEST" dimanche 9 octobre 2022