Nouba El Mezmoum rééditée et enrichie de morceaux inédits 
     
     
 

Les morceaux inédits sont hérités du maître de la musique andalouse El Hadj Omar Bensemmane

L’interprète de la musique andalouse Beihdja Rahal revient avec un nouvel album, El Mezmoum, sorti chez Soli Music. Cette nouba, déjà sortie en France en 1997, est rééditée avec l’introduction de morceaux inédits. En effet, grâce aux travaux laissés par le maître de la musique andalouse Hadj Omar Bensemmane dont la valeur artistique équivaut à celle des frères Fekhardji, le mceddar Ana îchqi fi soultan (ma passion est pour le sultan), et les deux bataïhi Afnani de l’houbbou raghma et Atani rassoul ont repris leur place dans la nouba Mezmoum.

«Grâce à Yacine Bensemmane, fils de Hadj Bensemmane, qui a accepté de me prêter les partitions et les bandes sonores originales laissées par son père, j’ai pu restituer quelques morceaux manquants à la nouba Mezmoum», explique Beihdja Rahal. L’album, rendant hommage à Hadj Omar Bensemmane qui a le mérite d’avoir conservé et transmis des compositions inédites, est composé de 12 titres exécutés dans un mouvement très lent et chaloupé, évoluant presque à la même cadence.

La poésie chantée par l’artiste, dont des extraits sont traduits en français dans le livret accompagnant l’album, expose des histoires d’amour et d’amitié. A l’exemple du mceddar, Ana îchqi fi soultan (morceau inédit) qui dit : «Je suis épris du sultan qui me dédaigne - A Tlemcen est sa demeure - Dieu l’a éloigné de mes yeux - Ton regard me lance des flèches - Pourquoi ô belle créature ?»

La voix caractéristique -chaude et enrouée- de Beihdja Rahal domine les instruments de musique, traditionnels pour la plupart. Cependant, sur chaque morceau, un instrument se réserve un passage en solo donnant un avant-goût rythmique du prochain titre.

Selon le défunt artiste Tarek Hamouche, la nouba Mezmoum, classée neuvième dans l’ordre établi par Edmond Nathan Yafil dans son recueil de poèmes de la çanâa édité en 1904, passe aujourd’hui pour être l’une des noubas les plus limitées en nombre de morceaux composant son corpus. Son interprétation offre de nos jours matière à l’exécution d’un programme quasi unique. «C’est ainsi que fut encouragée la tendance consistant à encombrer presque systématiquement la nouba algéroise de pièces appartenant aux répertoires voisins: celui de Tlemcen qui est plus ou moins compatible mais aussi de Constantine et même du Maroc pour alimenter une série interminable de khlass», écrit-il dans le livret.

Côté projets, Beihdja Rahal a l’intention de poursuivre ses recherches dans le domaine des noubas. «Mon travail de recherche est loin d’être terminé. J’ai l’intention de relancer les douze noubas en rajoutant des morceaux inédits comme cela a été fait pour nouba El Mezmoum», annonce l’interprète de la musique classique algérienne.

Beihdja Rahal annonce également la sortie d’un coffret de tous ses albums prévue pour le mois de décembre. «Soli Musique se charge de sa conception depuis le mois de juillet. Il sera prêt à partir du mois de décembre. Outre les neuf noubas publiées par Soli Musique, le coffret comprend les deux premières noubas, Mezmoum et E’dile, sorties en cassettes en France», précise l’artiste.

 

Farida Belkhiri
"LA TRIBUNE" jeudi 4 novembre 2004