Une valeur sûre de la chanson et musique arabo-andalouse
     
     
 

Forte d'un enseignement théorique poussé et douée d'un talent exceptionnel, Beihdja Rahal, à la voix chaude et envoutante, reste une valeur sûre de la chanson et musique arabo-andalouse.

Grâce à son savoir-faire, elle a acquis, au fil de sa carrière, une notoriété sur la scène internationale (elle a plusieurs tournées prévues à l'étranger dont en France ce mois-ci et une autre en Espagne en avril).

Celle qui œuvre, avec autant d'énergie que de conviction (elle a la foi dans ce qu'elle entreprend) à la sauvegarde et à la promotion de ce legs musical ancestral, un riche patrimoine immatériel, s'est produite, hier, à la salle El Mougar, et ce, à l'initiative de l'Office national de la culture et de l'information.

Ce concert est organisé à l'occasion de la sortie de son nouvel album. Il s'agit de son 24e CD intitulé «Nouba Raml Maya». C'est dire que Beihdja Rahal n'entend pas s'arrêter en si bon chemin, comme en témoigne ce nouvel opus.

Composé d'une touchia, d'un m'ssdar, d'un derdj et de trois insiraf, l'album, sorti aux éditions Padidou, est enrichi par un nouvel instrument musical, à savoir le «rebab», qui donne à l'orchestration musicale, un son particulier, lui conférant donc un sens (musical), une empreinte mélodique unique. Et c'est beau à écouter.

L'instant d'un récital, Beihdja Rahal, la cantatrice de la chanson arabo-andalouse, a tissé, une fois encore, des liens avec son public, des liens qu'elle tisse grâce à la pureté et à l'authenticité de son jeu, et ce, en vue de renforcer son rapprochement avec ce dernier.

Le public répond toujours présent à sa voix, si douce et si accueillante. C'est avec sa belle voix qu'elle nous accueille dans son univers, celui de la nouba qu'elle hisse au faîte de son expressivité. Un monde si riche en beauté et en poésie. Par sa voix, elle nous fait effectivement prendre conscience de l'extraordinaire beauté, qu'est la musique arabo-andalouse, un fabuleux trésor que l'on doit fructifier et pérenniser.

Et à chaque fois, elle réussit à relever le défi, puisqu'à chaque fois, elle revient avec un nouvel opus – elle s'absente pour mieux revenir.  A chacun des récitals par lesquels elle gratifie son public, des concerts qui s'avèrent à chaque fois de réels régals, Beihdja Rahal, toujours douée d'un talent exceptionnel, arrive à capter l'attention de ce dernier, à capturer et à séduire son ouïe grâce d'abord à une prestation juste et belle, et aussi grâce surtout à sa voix sublime et céleste, qu'on ne se lasse jamais d'écouter. Une voix cristalline qui nous transporte au firmament de la nouba.

Chacune de ses interprétations se révèle remarquable et rayonnante et s'exécute avec beaucoup de passion. Très appliquée dans l'exercice de son art, donc dans l'exécution de la nouba, Beihdja Rahal, qui impose à chaque interprétation une ambiance de recueillement, se montre de plus en plus exigeante dans la façon d'offrir à son public la nouba, pareil à un précieux présent.

Elle se distingue admirablement dans une orchestration soignée et poétique. Ainsi, à chacun de ses concerts qu'elle assure à merveille, Beihdja Rahal, d'une grande élégance et d'un raffinement recherché, prouve, une fois de plus, que «son phrasé, son expressivité, sa présence scénique et l'homogénéité exceptionnelle de sa voix ont fait d'elle, une des plus belles grandes interprètes de son temps».

 

Yacine Idjer
"INFOSOIR" dimanche 1er mars 2015