Une passion au bout des doigts
     
     
 

Jolie brunette au charme ravageur, Beihdja Rahal a su imprimer son nom à la musique andalouse par son sérieux et sa voix aux mélodies cristallines.

Cette fois, Beihdja récidive avec un nouveau CD de la nouba «Raml El Maya» qui est la 10ème nouba de la série relative au patrimoine restant. Très pacifique, elle a sorti sa première nouba Zidane en 1995, puis la seconde en 1997, la 3è en 1999, puis en 2001, cette artiste passionnée est passée à une vitesse supérieure, et compte terminer en juillet l’enregistrement de la 12ème nouba. «J’aurai bouclé les 12 modes en juillet», dit-elle. A propos de ces noubas, Beihdja avoue que l’enregistrement de la première s’est effectué après plus de 20 ans de formation. Actuellement, rompue aux techniques de la nouba, elle évolue à l’aise et avec talent. «Au départ c’était beaucoup plus pour imposer la voix féminine dans ce domaine réservé aux hommes», déclare-t-elle. Dans la nouba, les femmes étaient absentes.

D’ailleurs, cet engouement pour la musique andalouse remonte à son jeune âge (12 ans) où, après les cours, elle se consacrait au conservatoire. Ce loisir s’est mué en passion au fil du temps. Cette jeune femme très volubile est biologiste de formation, et son souci premier était les études. D’ailleurs elle fut pour un temps enseignante de biologie au lycée l’Emir. Puis, suite à un voyage en France, Beihdja entreprit un autre virage dans sa vie, la musique. Sur l’autre rive de la Méditerranée, Beihdja a le statut d’artiste, ce qui lui permet de vivre de son art. Conférence, cours de musique s’inscrivent dans son planning bien chargé et consacré à la musique.

Lorsque Beihdja ne s’adonne pas à divers concerts, elle entame des expériences. Après un tandem avec l’espagnol Juan Martin et le groupe Radio tarifa en 1994, cette musicienne et mélomane opte pour un travail en collaboration avec le conservatoire de Rouen. De ce duo, des arrangement sont eu lieu, donnant suite à différents concerts (le 29 mars) programmés pour les 2, 3 et 4 juillet prochain à Rouen. Ce melting post musical intéresse les musiciens européens et le public. Ce dernier, selon Beihdja, est très réceptif aux noubas qu’il découvre avec enthousiasme.

La tenue de ces multiples concerts en France, en Italie, en Espagne, en Hollande, en Allemagne, à l’Ile De La Réunion, en Jordanie et au Maroc en témoignent. A ce sujet, elle déclare que «Le public français est très réceptif aux musiques traditionnelles et ouvert à d’autres sonorités». Beihdja aimerait faire une incursion dans la musique orientale. Aussi, elle lance un appel aux musiciens du Moyen-Orient pour réaliser ensemble des arrangements et travailler avec un orchestre moyen-oriental.

Son objectif actuel est de revenir à d’autres noubas et refaire le cycle mais pas les mêmes morceaux. D’ailleurs, chaque sortie de CD s’accompagne de concert. Ce dernier, où Beihdja excelle dans cet art, n’a pas eu la promotion voulue en raison de la guerre en Irak. Solidaire et engagée, elle ne conçoit pas de concert en cette période de troubles.

S’étant imposée en tant que femme d’abord puis en tant qu’artiste, Beihdja Rahal est consacrée en tant que chanteuse andalouse. Les contacts avec l’ONCI, le TNA, l’OREF et CADIC prouvent cette confiance dans la chanson andalouse. Beihdja Rahal, avec sérieux et sans faille, a su désusquer le monde de la musique andalouse où elle «valse» avec ses 12 noubas au mode andante.

 

Kheira A.
"HORIZONS" jeudi 24 avril 2003