Une véritable gardienne de notre musique classique
     
     
 

C’est en présence de M.Rezgui Sahraoui, secrétaire général du ministère de la culture, du maître de l’andalou Ahmed Serri et d’un très nombreux public que Beihdja Rahal a donné le week-end dernier un remarquable récital de musique andalouse sur la scène de la salle Ibn Zeydoun.

"Par son art, Beihdja Rahal a raffiné et rehaussé l’école algérienne de la musique andalouse", ainsi s’est exprimé M. Rezgui Sahraoui, secrétaire général du ministère de la culture à sa sortie du récital de cette artiste au talent élevé. M. Sahraoui, qui n’hésite pas à honorer cette voix d’or en disant d’elle qu’elle est la véritable gardienne de notre musique classique, salue la présence à ce concert du maître Ahmed Serri. "Il est ici, justifie-t-il en parlant de Ahmed Serri, et sa présence est un signe révélateur de l’importance qu’accorde ce grand maître à l’attachement témoigné à l’authenticité du genre andalou".

Beihdja Rahal est le symbole vivant de cette fidélité à cette musique classique. Rigueur, discipline, pureté aux structures et aux lignes mélodiques et rythmiques de ce genre musical millénaire caractérisent la personnalité artistique de cette interprète. Avec elle, la musique andalouse est véhiculée avec son naturel, sa finesse, sa grandeur, avec aussi sa forte dimension sentimentale et émotionnelle. Ainsi, fidèle aux sources et aux racines, elle raffine cet art par une voix sublime qui ne fait qu’accentuer et épanouir les qualités élevées de cette grande musique. Beihdja Rahal fournit un effort exceptionnel et travaille avec acharnement, foi et passion pour œuvrer à la conservation et à la sauvegarde de ce patrimoine classique.

Témoins ses enregistrements portant sur des pièces musicales vouées lentement à l’oubli. Elle vient ainsi de faire éditer son sixième album sur la nouba intitulée "Maya". C’est d’ailleurs en exclusivité ce jeudi à la salle Ibn Zeydoun qu’elle a repris en public ce titre. C’est une joie sans commune mesure de l’entendre pendant plus d’une heure interpréter cette pièce d’une beauté d’écoute rare. Ainsi, le public présent l’a-t-il suivie religieusement appréciant note après note les mouvements de cette Nouba.

La deuxième heure de ce récital a été ensuite un hommage rendu aux genres âaroubi et hawzi. Pendant tout son récital, Beihdja Rahal a fait preuve d’une maîtrise admirable de son art. Naturelle, calme, sereine, elle a chanté comme dans un cadre familial. Habillée d’un superbe karakou algérois d’un bleu très sombre, illuminé par de fines broderies en fil d’or, elle a été à la fin de son récital visiblement très émue par l’accueil extrêmement chaleureux du public qui l’a ovationnée longuement debout.

Par reconnaissance, elle gratifie ce public d’un suave morceau hawzi, non inscrit à son programme de la soirée. "elle nous a émerveillés ", s’est exclamé une spectatrice, ravie de ce concert de qualité. "La relève est difficile à trouver devant tant de talent", a déclaré une autre auditrice. Quant au maître Ahmed Serri, s’il apprécie hautement la valeur de Beihdja Rahal, il fait remarquer qu’un artiste reste toujours en chemin et qu’il a toujours à apprendre et à s’améliorer. Beihdja Rahal a retrouvé ses fans à la fin de son récital.

Elle leur a, avec cœur, dédicacé son dernier CD qui est un produit de qualité. "Je m’attribue un point d’honneur à enregistrer mes œuvres en Algérie. Je trouve non seulement l’équipement approprié nécessaire mais je suis extrêmement satisfaite de mon ingénieur du son qui est doué d’une sensibilité remarquable", s’explique-t-elle. Son septième album est déjà en préparation et elle se tient prête pour une présentation à Paris ce 14 mai.

Son ensemble musical, grâce à l’excellente maîtrise instrumentale, participe à son succès et il convient de les nommer, au luth, Nadji Hamma et Liès Boukoura, au tar Belkacem Sisaber, Sofiane Bouchafa à la derbouka, au kanoun, Tarik Hamouche, Youcef Nouar à la mandoline et Djamel Kebladj à l’alto.

 

Kamel C.
"HORIZONS" mardi 30 avril 2002