Transmettre fidèlement le legs arabo-andalou

     
     
 

La nouba "Rasd", enregistrée dernièrement par l’interprète et musicologue Beihdja Rahal, a été au centre du café littéraire, organisé samedi soir à la Bibliothèque Nationale du Hamma, dans le cadre du programme du Ramadhan.

"Au début, je pensais faire deux ou trois noubas, puis au fur et à mesure des enregistrements, j’ai décidé de commencer un travail plus approfondi", a indiqué l’artiste qui a fait un travail de recherche et d’enregistrement des douze noubas de la première série existante et s’est attelée à faire des recherches sur les trois autres noubas incomplètes. Dans ce cadre, l’artiste a souligné les difficultés rencontrées dans l’enregistrement de ce genre musical car "étant transmis oralement donc sujet à des déperditions".

"On doit reprendre les noubas telles quelles. On travaille sur un patrimoine qui existe", a déclaré Beihdja Rahal mettant en exergue la nécessité pour les musiciens de respecter l’authenticité de la nouba dans toutes les étapes d’enregistrement et d’interprétation. "Je suis interprète, je ne fais pas d’arrangement et ne crée pas. Je fais un travail de sauvegarde", a affirmé l’artiste ajoutant: "il faut que chacun de nous se sente responsable et se dise qu’il ne doit rien changer à la nouba".

"On ne fait pas de composition, ni de création, on essaye de retrouver les morceaux, qui existent, au niveau des familles des artistes disparus ou même des mélomanes qui ont gardé des enregistrements faits lors des fêtes familiales", a rappelé la conférencière, soulignant l’importance de la recherche et de l’investigation pour transmettre "fidèlement" cette musique ancestrale raffinée.

Evoquant la nouba "Rasd", fruit de son dernier travail de recherche, Beihdja Rahal a indiqué que cette nouba, interprétée généralement la nuit - chaque nouba correspondant à une heure de la journée - est inspirée de la musique persane et que le mot "Rasd" signifie "régulière" ou "normale".

L’oratrice, après avoir expliqué que dans cet enregistrement il y a cinq mouvements, c’est à dire: un "mcedder", un "btaihi", un "derdj", un "insiraf" et un "khlass", a confié que dans cette nouba "Rasd", l’"istikhbar", le "inqilab" et la "touchia", sont remplacés par ceux de "Raml el maya", car n’existant plus. "Quelquefois, on trouve un mode moins riche comme par exemple les noubas "Rasd" et "Mezmoum" et d’autres assez riches, à l’instar de "Raml el maya" et "Lahcine", a notamment déclaré l’artiste.

Décrivant les étapes de son travail, l’interprète et chercheur a expliqué qu’avant d’enregistrer une nouba, il faut d’abord faire le choix des morceaux et vérifier leur authenticité. "Il faut aussi retravailler ces morceaux pour être sûr de leur authenticité. Ce travail se fait en équipe", a affirmé Beihdja Rahal ajoutant la nécessité de faire appel aux maîtres pour corriger ces morceaux et aux professeurs de littérature arabe pour les textes notamment pour la ponctuation.

"Il faut aussi s’assurer que les mélodies sont justes", a par ailleurs affirmé cette ancienne élève de maître Mohamed Khaznadji, à qui elle a rendu hommage pour son important apport à la sauvegarde de la musique classique algérienne à travers ses recherches et la formation des jeunes interprètes.
L’artiste a conclu en rendant aussi hommage aux associations qui participent à la sauvegarde du patrimoine.


"EL MOUDJAHID" lundi 31 octobre 2005