Entretien avec Beihdja Rahal

     
     
 

Pourquoi le choix particulier du sud de la France. Est-ce par rapport à la forte concentration de la communauté seulement ou plutôt à l'impossibilité de se produire ailleurs (Paris, par exemple) ?

Je ne choisis pas les villes ou les régions où je me produis. Je reçois des propositions de concerts ou de festivals, je les étudie puis j'accepte ou je refuse. Je ne chante pas pour la communauté algérienne en France ou en Europe. Je chante pour un public qui veut découvrir ma musique, ma culture... Mon souhait et que la musique classique algérienne soit écoutée et appréciée partout à l'étranger. Qu'on comprenne la belle poésie et qu'on connaisse son histoire.

Je suis invitée dans le sud de la France lors du festival des chants sacrés, ce n'est pas la première fois. Ce que je trouve très intéressant est le fait de rencontrer des orchestres du monde entier. C'est l'occasion pour moi de découvrir des musiques traditionnelles très différentes de la mienne et de côtoyer des artistes originaux et d'échanger des idées, des projets et pourquoi pas de les finaliser sur scène.

 

Vous êtes à combien de tournées en France depuis le début de l'année 2010. Ressentez-vous un feed-back (retour d'écho) de la part de votre audience parmi la communauté en France. Votre a-t-il été atteint en la matière ?

Depuis le début de l'année, c'est ma première tournée en France. Par contre j'ai fait deux tournée en Algérie avec l'Office National de la Culture et de l'Information qui depuis trois ans me soutient à chaque sortie d'un nouvel album. C'est grâce à l'ONCI que j'ai eu l'honneur de chanter face au public de l'intérieur du pays. Mon souhait était de rencontrer le public de toutes les wilayas d'Algérie, car le public n'est pas seulement dans les grandes villes et la musique andalouse appartient à tous les algériens. Ça s'est réalisé. En Europe, lorsqu'on parle de tournée, c'est une quarantaine de spectacles, j'espère que ça arrivera en Algérie.

Lorsque j'ai entamé ma carrière musicale en France, le public ne me connaissait pas, même le public algérien. Il venait pour découvrir ma musique, ma voix, mon interprétation. Depuis quatre ou cinq ans, les salles sont pleines et je peux parler d'un public fidèle qui se déplace pour moi. C'est un honneur pour moi et c'est ce qui m'encourage à continuer, à doubler d'efforts pour j'espère rester à la hauteur de ses attentes.

 

Se produire pendant plus de deux mois à l'étranger n'est pas une sinécure sur le plan financier. Voulez-vous nous dire qui vous parraine lors de ces déplacements ou, plutôt vous comptez surtout sur vos "rentrées" des spectacles donnés ici et là.

Je vis en France depuis pratiquement une vingtaine d'année, je me consacre pleinement à ma musique mais jusqu'à présent, je gère moi-même ma carrière artistique. Quand on est professionnel, on n'attend pas d'être parrainé, on répond présent lors de festivals internationaux pour que la musique algérienne soit représentée dans le monde en essayant de donner la meilleure image. Vous parlez du plan financier; sans les moyens financiers, nos projets et nos rêves ne pourront jamais aboutirent.

 

Propos recueillis par Djillali Mourah
"APS" lundi 4 octobre 2010